Le 9ème Forum Blanc propulse le transmedia au sommet !

Avec plus de 200 participants et 23 sessions, la neuvième édition du Forum Blanc a proposé un état des lieux du transmédia sous toutes ses formes avec des temps d'échange spéciquement consacrés au tourisme et à l'éducation. Les interventions d'un panel de 34 conférenciers issus d'univers professionnels très divers ont permis d'envisager la grande diversité et l'impact de ces territoires d'expression numériques, il a aussi été question des problématiques d'interfaces utilisateurs et de modèles économiques...
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Poursuivant le tournant opéré en 2017, cette édition du Forum Blanc s’est efforcée de refléter les mutations numériques en cours. L’événement reste un rendez-vous des possibles pour le transmédia de création, mais s’est ouvert à d’autres secteurs où ces nouvelles écritures s’invitent : marketing, tourisme, éducation. Création, production, monétisation, diffusion, retombées : toutes les étapes pour la mise en œuvre de projets digitaux ont été présentées au cours des différentes sessions…

 

 

Décloisonnement des industries, promesses de l’XR et sortie des écrans

Les nouveaux usages et contenus forment un univers en constante évolution, où les acteurs se multiplient. Mais curieusement, chaque succès semble entraîner son désaveu par certains : mort annoncée des réseaux sociaux, à force de se phagocyter ; ou des tablettes, le smartphone nous comblant comme nul autre appareil ; disparition des applis, au profit des chatbots ; et des chatbots, au profit des assistants vocaux. D’aucuns voudraient même enterrer le transmédia. Le Hype Cycle nous invite à ne pas céder aux Cassandre. Mort, le transmédia ? Alors vive le transmédia !

 

Des créateurs et des audiences

Genèse, défis à relever, étapes de production, réception par le public… Plusieurs œuvres ont été passées au crible. Citons Protanopia, BD numérique pensée pour la tablette ; ou ÉTÉ, premier feuilleton BD conçu pour Instagram. L’aventure dans laquelle leurs auteurs se sont lancés, en rencontrant le succès, a montré qu’il y a une attente du public pour le narratif sur ces supports médias.

Comment s’y prendre ? En choisissant soigneusement la plateforme. Benjamin Hoguet a montré que pour promouvoir un territoire, par exemple, en dehors des critères habituels de budget, cible, contraintes techniques ou temps imparti, il fallait tenir compte de certains paramètres : l’espace de l’expérience (in situ ? en mobilité ?), son contexte social (individuel ? collectif ?), la temporalité (ponctuelle ? récurrente ?). De là seulement devrait découler le choix du format et de la technologie : AR, VR, installation, jeu grandeur nature, appli, projection, cinéma interactif, réseau social…

Mais aussi et en misant sur l’hyperpersonnalisation des contenus, afin de susciter l’émotion chez l’audience et de l’engager. C’est ce que Megapix’Ailes, par exemple, propose de faire grâce à SkewerLab.

 

Storytelling pour tous les secteurs

Encore faut-il obtenir des fonds. De ce point de vue, il y a certes une exception française : le soutien d’institutions publiques. Pauline Augrain du CNC, Florence Avilés de l’IFCIC, Nicolas Parpex de BPI France et Agnès Alfandari de l’Institut français ont détaillé les aides existantes. Les représentants de plusieurs chaînes ont pour leur part témoigné du soutien apporté à moult projets. Marie Berthoumieu (ARTE) a évoqué entre autres Enterre-moi mon amour, fiction interactive pour mobiles. Tandis qu’Hélène Zemmour (TV5 Monde) a souligné l’importance d’aller vers le public, sur les plateformes où il se trouve, et de s’adapter à ses usages.

Mais comme Pierre Cattan l’a expliqué, depuis 2 ans on assiste à un double mouvement. D’un côté, un véritable écosystème d’expériences numériques s’est constitué. Le transmédia n’est pas mort, il connaît tout au plus une crise comme la photographie, le cinéma ou la TV en ont connu une peu après leur apparition. Ou encore comme ces jeux vidéo des années 80 que l’on croyait morts et enterrés, mais à partir desquels on innove aujourd’hui. Julian Alvarez (Serre Numérique) a ainsi exposé un grand nombre de serious games servant à diffuser un message, dispenser un entraînement ou collecter des données.

Les pratiques de ce secteur sont même en train de devenir mainstream. Le transmédia – jusqu’à la VR et l’AR, en pleine ébullition – est bien sorti du seul marché du divertissement et de la culture pour investir de nombreux autres domaines. Citons pêle-mêle le brand content et la stratégie digitale ; le tourisme, les territoires, les musées, l’urbanisme, l’événementiel ; l’éducation, la formation ; les sujets sociaux. Autant de thématiques abordées et illustrées au cours de ce Forum Blanc. Mais on pense aussi à l’armée ou à la santé. Les industries se décloisonnent et se croisent, offrant autant d’occasions de produire de belles histoires.

 

Repenser les modèles économiques

Le problème est que l’on assiste, d’un autre côté, à une érosion des budgets côté audiovisuel.

Peut-être faut-il envisager services et contenus narratifs ensemble – comme l’a compris, dans le domaine du tourisme, Airbnb en lançant son offre Expériences – plutôt que d’envisager des contenus qui porteraient en eux leur modèle économique ou des services “nus” ? Internet a révolutionné la diffusion et la distribution, Netflix a disrupté la télévision. Ce que cette plateforme propose, la TV française pouvait le faire depuis 15 ans. Il est temps que cette dernière cesse de faire comme si web et transmédia étaient ses parents pauvres. Le modèle économique existera quand on croisera intelligemment usages des utilisateurs, offres de services des opérateurs et contenus ou expériences que le public a envie de vivre.

En mettant en avant des contenus tels que Guerre de prank et en prenant le risque d’exploiter plusieurs plateformes (RTBF, YouTube, Facebook), la RTBF a constaté que cela n’avait entraîné aucune cannibalisation des audiences. Au contraire, la chaîne est parvenue à rajeunir l’image de sa marque et n’hésite plus désormais à opérer une refonte de son organisation.

 

Et l’évolution continue

On peut se livrer au même constat à propos des médias en général, qui ont intérêt à saisir rapidement l’opportunité que représente pour eux une autre technologie qui déferle : celle des assistants personnels. La configuration de la Google Home est telle qu’il est primordial de faire partie des premiers médias listés. Or concernant Google Assistant, des partenariats ont déjà été conclus avec de nombreux médias français et américains (Deezer, Netflix, YouTube, Radio France, RTL…). À bon entendeur !

À propos de tendances montantes, Éric Viennot a prédit une rupture qui va nous amener à sortir des écrans. Pour les Millennials, le digital représente le média des parents. Eux aspirent à un retour au réel pour vivre des expériences physiques et sensorielles : en témoigne le mouvement des makers, représenté par exemple à thecamp. Ou encore jouer avec : on avait déjà les jeux en réalité alternée (Alt-Minds, 2012), mais avec l’arrivée de l’ARKit d’Apple, l’AR va se démocratiser.

 

Les + du Forum Blanc

Parce que de tous ces thèmes, on peut parler à une tribune, mais que rien ne vaut d’expérimenter les dernières tendances, un espace Démo complètait le cycle de conférences. Il a permis de découvrir dans leurs conditions de distribution les projets évoqués et de mesurer le potentiel que certaines technologies représentent pour les vôtres.

Cette année, SOPEG proposait de tester les robots éducatifs et programmables Makeblock ainsi que la gamme de produits QIMMIQ : caméras 360°, drones, mobiles outdoor, casques de réalité virtuelle… Réseau Canopé exposait différentes ressources pédagogiques transmédias : Mathador, Médiasphères ou encore Les Mots en jeux. Enfin, il était possible de tester SkewerLab ainsi que plusieurs œuvres en VR.

 

Le prochain Forum Blanc aura lieu l’année prochaine du 15 au 17 janvier 2019. Cette édition célèbrera les 10 ans de l’événement !


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