Rencontre avec Philippe Rivière, en charge du numérique au sein de Paris Musées

Les sites patrimoniaux les plus emblématiques seront-ils un jour tous accessibles en réalité virtuelle ? Pour Philippe Rivière, chargé du numérique à Paris Musées, cette offre est tout à fait plausible. Entretien avec celui pour qui "l’intérêt de former un réseau de musées [avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et le Centre des Monuments Nationaux] est de pouvoir expérimenter et évaluer des dispositifs, puis, grâce aux économies d’échelle, en faire profiter les autres musées ».*
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Sonovision : Les priorités de Paris Musées portent-elles sur la pré-visite, la visite ou la post-visite ?

Philippe Rivière : L’essentiel de nos efforts porte sur l’expérience de visite. Nous faisons en sorte que nos applications mobiles développent un point de vue original sur nos expositions. Nous pourrions aller beaucoup plus loin dans l’offre de la pré-visite, qui s’appuie sur le site web du musée et permet de découvrir l’exposition au travers d’outils numériques spécifiques. La post-visite par contre reste à explorer, car elle nécessite des outils informatiques plus complexes.

 

Sonovision :  Les dispositifs de médiation numérique in situ et les applications mobiles s’adressent-ils au même public ?

Philippe Rivière :  L’application mobile doit se télécharger avant la visite ou sur place via une borne de téléchargement. Elle ne s’adresse donc pas à tous les visiteurs. Un dispositif comme une table multitouch capte par contre un public beaucoup plus large, mais cette consultation in situ ne permet aucun prolongement pour l’après-visite, à l’inverse d’une application mobile. Nous estimons que celle-ci a atteint un bon niveau de téléchargement lorsqu’elle touche 15 % du visitorat d’une exposition temporaire. Pour 2018, nous allons expérimenter des tablettes dialoguantes sans wi-fi, permettant une visite en famille. Les parents et les enfants pourront s’échanger des informations sur leur propre parcours de visite depuis leur tablette. 

Sonovision : Initiez-vous aussi des parcours de visite hors les murs ? 

Philippe Rivière :  Nous avons très tôt cherché à sortir les œuvres d’art du musée. Avec la start-up Clic Muse, nous avons développé l’application « Cultur’o Game » pour les abribus JC Decaux connectés avec écrans tactiles (aujourd’hui, aussi sur smartphone). Celle-ci introduit, via un gameplay très simple, des thématiques liées à nos collections ou à l’actualité. Grâce à un appel à projet ministériel, le projet implique aujourd’hui d’autres institutions. En janvier 2018, nous lancerons une application mobile géolocalisée (avec SmartApps) dans l’espace parisien pour montrer les collections du musée Carnavalet, fermé pour rénovation. Trois cents œuvres géolocalisées seront bientôt disponibles.

Sonovision : Où en est l’offre de numérisation de Paris Musées ? 

Philippe Rivière : Nous avons fait, ces dernières années, un gros effort de numérisation. Toutes les œuvres de nos 14 musées (environ un million) vont faire l’objet de prises de photos et de notices spécialisées. Quelque 265 000 sont actuellement accessibles en ligne. Cette offre s’accroît tous les jours. Nous commençons par ailleurs à développer la numérisation 3D (en photogrammétrie 3D). Nous comptons amplifier ce mouvement en 2018. 

 

Sonovision : Quels rapports entretenez-vous avec la Rmn-GP et le CMN ? 

Philippe Rivière : Nous échangeons régulièrement sur nos expérimentations respectives. Il nous arrive aussi de travailler ensemble. Au sein du projet Data & Musée, Paris Musées réfléchit ainsi avec le CMN sur l’utilisation des data à travers des modèles prédictifs et un profiling de nos visiteurs.

 

* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #9, p.18-21Abonnez-vous à Sonovision pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.

 

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