Les 5 mappings qui ont ébloui la Fête des Lumières – Théâtre antique (1/5)

Même la première soirée du jeudi 7 décembre de la Fête des Lumières 2017, souvent considérée comme plus tranquille, a connu une affluence monstre ! 46 créations originales étaient à découvrir au fil des rues. Et au-delà des sculptures lumineuses et autres jeux de led, ce qui a de nouveau marqué le public, ce sont ses grands mappings.
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La tendance pressentie se confirme : le temps de l’abstraction semble révolu. Qu’il s’agisse d’enfants, de chevaux ou de héros mythiques, beaucoup d’œuvres ont exploré la place du scénario dans le mapping. C’est finalement un retour aux sources, pour une ville qui a vu naître le cinéma !

Pendant 5 jours, Sonovision vous dévoile les secrets des cinq œuvres originales qui ont marqué cette édition : le théâtre antique de Fourvière (1/5), la cathédrale Saint-Jean (2/5), la Grande Poste de la place Bellecour (3/5), la place des Terreaux (4/5), et la gare Saint-Paul (5/5). Des propositions variées et originales, offrant de nouveaux horizons techniques ou narratifs.

 


Le secret avait été bien gardé. Au théâtre antique de Fourvière, Damien Fontaine et La Maison production ont placé des chevaux vivants au cœur de la projection. Une première à Lyon ! « Cela fait un peu plus de 10 ans que nous participons à la fête, raconte Damien Fontaine. On avait une envie de renouvellement. »

Les artistes ont choisi de raconter la légende hindoue de Balãha, cheval magique qui s’échappe des étoiles pour traverser le monde. « C’était l’occasion ou jamais de crever l’écran. Ce lieu, un peu confiné, offre un certain recul, et un public captif. L’espace permettait de créer un village équestre en coulisses. »

Intervenant à plusieurs moments de l’action, six chevaux ont donc été illuminés : flammes, capes de led… Certains arboraient même un système totalement innovant : une cape en fibre optique tressée. « Le rendu est très différent des led. La fibre optique habille totalement le cheval. Cet ensemble homogène permet d’en faire des objets lumineux vivants. »

Pourquoi intégrer du « vivant » en plein mapping ? « Pour dépasser la dimension technologique, sourit Damien Fontaine. Je suis issu du monde du spectacle. Il est toujours intéressant de mélanger les arts. Et j’aime beaucoup travailler avec les chevaux. Ils apportent tout de suite quelque chose de fort. »

Cette touche d’originalité a séduit : le spectacle a reçu le prix du public. Une surprise, car le théâtre antique n’est « pas un lieu facile. On multiplie les contraintes géométriques, détaille Damien Fontaine. On projette sur des escaliers, ce qui provoque un cisaillement de l’image. La profondeur n’est pas la même de haut en bas. En plus, la forme est en hémicycle… » Inutile donc d’insister sur la précision. « Il faut éviter les images fixes. Les détails ne se comprennent que dans le mouvement. »

Une approche technique différente des autres sites : le théâtre antique est une sorte de miroir déformant. « Ici, on ne part pas de l’architecture. On essaye surtout de corriger les effets du décor, en exagérant par exemple les courbes. » Les tableaux étaient donc souvent composés de grandes fresques, pour « plonger les gens dans un univers, leur faire vivre une expérience ».

Pour que le spectacle soit proposé tous les quarts d’heure, le théâtre antique a mobilisé quinze personnes et nécessité des moyens techniques inouïs : huit projecteurs vidéo Christie 30 000 lumens en dual, huit mythos faisceau, huit projecteurs City Colors, de nombreuses sources led, halogènes et automatiques, et même une ossature complète en guirlande de led. « Cela permettait de jouer sur des températures de couleurs complémentaires, d’apporter une ambiance, de la chaleur… »

Fort de ses cinq prix à Lyon, Damien Fontaine a-t-il trouvé la clé du succès ? « Il n’y a pas de recette, répond-il. Le dénominateur commun de mes spectacles, c’est qu’ils intègrent tous une forme de narration, une approche cinématographique. Ici, les chevaux ont sans doute été un vrai plus. L’essentiel, c’est de vouloir toucher les gens. »

   

* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #10, p.18/22. Abonnez-vous à Sonovision pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.

** Retrouvez la suite des articles sur la cathédrale Saint-Jean (2/5), la Grande Poste de la place Bellecour (3/5), la place des Terreaux (4/5), et la gare Saint-Paul (5/5).