Cap sur le tout numérique pour l’AccorHotels Arena

La rénovation du mythique Palais Omnisports s’articule autour d’une nouvelle infrastructure de réseaux numériques, facilitant une grande polyvalence des services offerts.
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Propriété de la Ville de Paris, l’ancien Palais Omnisports de Paris-Bercy (POPB) a bénéficié d’une rénovation de 130 millions d’euros financée par la société d’exploitation (SAE POPB). Dans le cadre de cette rénovation, un partenariat a été conclu avec le groupe AccorHotels pour donner au POPB son nouveau nom d’AccorHotels Aréna. Inaugurée mi-octobre, la nouvelle Aréna est capable d’accueillir davantage de public, sa polyvalence a été renforcée et ses consommations énergétiques divisées par quatre. Cette rénovation très lourde a été planifiée de manière à réduire au maximum la perte d’activités. La rénovation menée à un rythme très soutenu a été confiée à l’agence DVVD et à l’entreprise générale Bouygues Bâtiment Ile-de-France.

Si la structure générale du bâtiment a été conservée, le volume bas a été modifié et agrandi et les équipements techniques en grande partie remplacés. Les jauges des salles ont été agrandies, en particulier celle de la salle principale portée de 17 000 à 20 300 personnes. « La polyvalence pour les concerts et les événements sportifs a été considérablement renforcée ; les techniciens peuvent changer de configuration en quelques heures. Les gradins sont rétractables, l’éclairage, le son, les réseaux, tout est reconfiguré en fonction des programmes » met en avant l’architecte Daniel Vaniche.

Des réseaux intégrés

Certains équipements GTB (Gestion Technique du Bâtiment) comme les automates ont été conservés ; en revanche, toute l’informatique a été recâblée avec un réseau VDI (voix données vidéo) irriguant 5 000 prises RJ45, de nombreux boîtiers relais, avec la téléphonie, l’IPTV, le scénique en DMX sur Ethernet, la sonorisation sous protocole Dante. Le directeur des SI, Guillaume Lairloup, assure qu’il a tenu à « rapprocher les deux lots VDI et scénique du projet de rénovation en s’appuyant sur une seule nature de fibres optiques. La part du budget Technologies dans cette rénovation avoisine les sept millions d’euros ».

Installée par Bouygues, la fibre optique (associée à du cuivre) en vingt-quatre brins monomodes à 10 Gb/s, relie les deux nodaux situés sous les gradins, les vingt-cinq locaux techniques, les écrans et les boîtiers relais (XLR, fibre optique, téléphonie, intercom). La téléphonie a été fournie par Alcatel et les systèmes intercoms par Clear-Com. Des passerelles entre téléphonie, intercom et talkie-walkies sont envisageables. Orange Business Services a assuré l’intégration des réseaux, avec comme gestionnaire de données et de stockage, la plateforme de l’éditeur slovaque Colosseo. Celle-ci intègre les données et gère le stockage sur un NAS de 50 To et la publication de contenus dont l’IPTV qui alimente les quatre cents écrans disséminés au travers de l’Aréna…

« Notre credo est d’offrir à nos clients des services digitaux complets illustrés par les soixante boîtiers de captation TV, affirme Guillaume Lairloup. De plus, alors qu’auparavant les équipes TV qui venaient sur un événement devaient tirer leurs câbles jusqu’à leurs camions de diffusion, l’idée est de tout mettre à leur disposition avec une zone TV à l’extérieur pour la diffusion, avec des prises XLR, du coaxial, de la téléphonie et du WiFi, un mixte de services broadcast et informatiques qui sera opérationnel dès février 2016 ».

Une salle rénovée et connectée

Dans la salle principale entièrement refaite, des bandeaux d’écrans Led ont été positionnés en nez de dalle à mi-hauteur tout autour de la salle, sous les postes de poursuite lumière. La rénovation s’est accompagnée de la création de nombreuses tribunes VIP, ainsi qu’une flopée d’espaces de réception qui peuvent être partitionnés en fonction des besoins. Les organisateurs de programmes viennent avec leur propre matériel scénique.

L’Aréna fournit l’infrastructure IT, l’énergie, les espaces pour le catering… « Chaque nouveau programme (sport, concert…) demande de reconfigurer logiquement l’infrastructure afin d’allouer les ressources demandées. Par exemple, un tournoi international de tennis sur dix jours va demander d’allouer cent-vingt lignes téléphoniques, de la connectivité pour les journalistes et commentateurs et des réseaux sécurisés pour les organisateurs » précise Guillaume Lairloup.

Les classiques liaisons téléphoniques ISDN sont toujours demandées par les médias. Afin d’éviter l’usage de cuivre, ces liaisons sont encapsulées dans l’IP et transitent dans le LAN, mais Guillaume Lairloup milite pour généraliser l’usage de l’IP pour les connexions destinées aux médias. À moyen terme, la prospective est de favoriser la remote production, ce qui est possible du fait de la bande passante Internet disponible et des fibres optiques fournies. Un essai concluant a été mis en œuvre par la Fédération française de tennis et Zayo, il y a un an pendant le tournoi de tennis, tout comme une interconnexion avec le site de Roland Garros afin de pouvoir exploiter les infrastructures de la FFT alors que le bâtiment était encore en travaux.

Duplication sécurisée

Tout est dupliqué : les serveurs, les deux nodaux en miroir et les deux accès Internet. Le premier nodal accueille le cœur du réseau Avaya ainsi que les équipements broadcast et le deuxième nodal l’IPBX. Ce premier nodal réunit une console-son Yamaha, les outils Dante pour le réseau audio et la plateforme logicielle Colosseo qui gère le retour caméra, la mosaïque de la grille vidéo, le monitoring IPTV, le stockage NAS… À terme, les trois bureaux contigus au nodal, vont accueillir trois stations de type HP Z400 avec un bureau pour le montage, un autre avec une cabine speak et un dernier avec de la création graphique.

« L’idée n’est pas d’éditer des vidéos avec des effets complexes, mais de réaliser un peu d’auto-promotion, des boucles à diffuser sur les écrans, en s’appuyant sur les contenus fournis par les organisateurs et partenaires », tempère Guillaume Lairloup. La salle machine accueille le cœur de réseau Avaya, les convertisseurs Optocore, les serveurs Colosseo, des players audio et des auxiliaires de sonorisation. La régie son, lumière, vidéo est équipée de manière plus légère que le nodal pour piloter la scénographie des événements sportifs. Lorsque l’exploitation sera en place avec les process définitifs, l’installation pourra être finalisée.

Le WiFi, un service incontournable

Le WiFi a été installé par Ruckus Wireless sur l’ensemble du site de l’Aréna, avec un accès par code dans certains espaces comme le bar et en accès libre pendant les programmes dans la grande salle, équipée en plafond de soixante-dix bornes WiFi unidirectionnelles. Les spectateurs accèdent à un portail captif. Au concert de U2 par exemple, environ un tiers d’entre eux se sont connectés sur leur smartphone, représentant plus de cinq mille connections et du 40 Mb/s a été mesuré en download. Protégée par un firewall Fortinet, la connexion est configurée avec une bande passante limitée par utilisateur et un filtrage des URL et des applicatifs. Par exemple pour le concert de U2 certains sites de streaming comme Periscope avaient été bloqués, mais l’accès à Meerkat (partenaire de U2) était libre. Le WiFi est compatible multicast d’après les spécifications et pourra être testé rapidement, dans une approche « Second écran au stade » (second screen in Venue). 


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