Tournages cinéma et innovations technologiques redonnent vie à la mine d’Arenberg

Après plus de 80 ans d’activités centrées sur l’extraction du charbon, le site de la mine d’Arenberg connaît une nouvelle jeunesse avec l’ouverture d’arenberg Creative Mine. Inauguré le 25 septembre dernier, ce nouvel espace de production audiovisuelle a été aménagé et équipé pour accueillir des tournages et mener des travaux de recherche en association avec l’Université de Valenciennes et du Haut-Cambrésis. 
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La mine de Wallers-Arenberg a été ouverte en 1903 et a compté sur place jusqu’à 4 000 mineurs, répartis sur trois puits. Avec le déclin du charbon, elle a été fermée en 1989. Toutes les installations, dont les trois gigantesques chevalets, ont failli être détruites. Mais les associations de mineurs, avec l’appui des collectivités locales, se sont battues pour préserver ce patrimoine de l’histoire industrielle du Nord. En 2009, le site est classé au patrimoine des Monuments Historiques. Mais à part préserver les bâtiments, comment redonner vie à ces immenses ateliers ?… Quand, soudain, Claude Berri est arrivé en 1992 pour y tourner Germinal. Cet événement a constitué le déclic de la renaissance du site d’Arenberg. Depuis, plus de quarante tournages s’y sont déroulés.

Ces nouvelles activités ont orienté les réflexions autour la reconversion des vastes espaces de la mine d’Arenberg. La communauté d’agglomérations des Portes du Hainaut y avait déjà installé ses bureaux et a mené une série d’études autour de ce projet. En 2006, elle a rencontré les responsables de l’Université de Valenciennes et du Haut-Cambrésis, ce qui l’a conduit à repenser Arenberg comme lieu de rencontre et de développement entre les milieux scientifiques, économiques et culturels. Le projet de reconversion s’appuie sur trois axes : développer la recherche et la culture scientifiques, avec l’installation sur place du laboratoire universitaire DeVisu, favoriser l’accueil de tournages, avec notamment la présence d’une halle d’essais avec cyclorama et des équipements permettant la réalisation intégrale d’un film et enfin valoriser les atouts patrimoniaux, culturels et touristiques du site et de la Région.

Sous la direction de Sylvie Leleu-Merviel, le laboratoire DeVisu (Design Visuel et Urbain) développe des activités de recherche autour des technologies innovantes de l’audiovisuel et des médias numériques. Il favorise leur transfert vers l’économie, la formation et les services dans l’habitat et l’urbanisme.

Le projet global de reconversion a été élaboré avec un budget global de 49 millions d’euros HT. Une première phase de 20,5 millions d’euros concerne l’installation sur place du laboratoire De Visu, la construction d’un nouveau bâtiment avec une salle de projection multifonctions et enfin la réhabilitation du vaste atelier des compresseurs, réaménagé en halles d’essais associées à des studios vidéo et son. Le financement de cet ensemble a été assuré par l’Europe (FEDER) à hauteur de 6,15 millions d’euros, la région Nord-Pas-de-Calais, 8 millions d’euros, le département du Nord, 1,50 million d’euros et le solde par la Communauté d’Agglomérations des Portes du Hainaut. Son président Alain Bocquet résume l’ambition du projet : « En passant du graphite au graphique, il s’agit de faire d’Arenberg un pôle incontournable en matière de recherches et d’industrie audiovisuelles. Lorsque Claude Berri est venu poser ses caméras en 1992 pour Germinal, il ne pouvait imaginer marquer l’avenir du site à tout jamais. » Ce projet s’inscrit dans la politique d’aide régionale en faveur du cinéma et de l’audiovisuel concrétisée par les actions de Pictanovo.

Pour la réalisation des travaux, la communau- té des Portes du Hainaut a choisi la formule du PPP (partenariat public privé) en signant un contrat avec le groupement Pimawa associant des investisseurs, la Caisse des Dépôts et Consignations, Be Invest et des industriels menés par le groupe Bouygues. La conception architecturale a été confiée à Nathalie T’kint, architecte à Lille et à l’agence Skope de Bruxelles. Pour la définition des équipements audiovisuels, Hervé Pavard, directeur technique de TF1 et formé à l’Université de Valenciennes a apporté ses compétences pour la mise au point du dossier. Ensuite, les études et le suivi du chantier ont été assurés par Emmanuel Joubard, de la société 42 Mediatvcom. Dès le début de son intervention, il a tenu à associer les futurs utilisateurs à la définition des installations, gage de la parfaite adéquation des moyens aux objectifs initiaux. Les travaux de construction et de rénovation ont été menés en 17 mois par Bouygues Bâti- ment Nord-Est.

 

UN ESPACE DE PROJECTION MULTIFONCTIONS

Les installations d’Arenberg Creative Mine sont réparties sur deux espaces : un nouveau bâtiment construit sur mesure et dénommé le Leaud, Laboratoire Expérimental pour les Audiences et les Usages de Demain, et plus loin l’un des anciens bâtiments de la mine, la salle des compresseurs.

La partie centrale du Leaud est constituée par une salle de projection de 300 places – agréée par la CST – et équipée avec deux vidéoprojecteurs Nec, dont un modèle 4K, diffusant sur un écran de 12 x 5 m. Les gradins sont motorisés pour transformer la salle en espace polyvalent avec un gril afin d’y réaliser des tournages, d’y tester des configurations expé- rimentales ou d’organiser des manifestations culturelles. Une seconde salle de projection de six places a été configurée comme laboratoire d’analyse des émotions pour des travaux de recherche comportementale. Elle est équipée d’un système de suivi de regard (eye tracking) et de différents capteurs physiologiques (rythme cardiaque…).

 

DEUX PLATEAUX DE CAPTATION

Le second espace dédié aux activités d’Arenberg Creative Mine est la salle des compresseurs, réhabilitée pour accueillir des plateaux de tournage et des salles de travail sur plusieurs niveaux. Un premier plateau, d’une surface de 500 m2, a été aménagé en halle d’essais pouvant accueillir tout type de tournage ou de captation expérimentale. Il est équipé d’un gril motorisé et d’un cyclo de 16 x 9 m. Il est également doté d’un système de motion control Mark Roberts. Un système de motion capture à douze caméras est destiné à des prises de vues avec analyse du mouvement en vue de réalisations avec effets spéciaux.

Un second plateau de 135 m2 a été installé pour des tournages vidéos multicaméras. Avec son gril placé à cinq mètres, et un éclai- rage constitué de projecteurs à LED, les prises de vues sont assurées grâce à cinq caméras plateau Sony HD, dont deux montées sur têtes motorisées. La régie attenante est organisée autour d’un mélangeur Panasonic AV-HS6000 auquel sont raccordés un lecteur/enregistreur Sony XDCam, un Panasonic P2 et un HDCam multiformat pour exploiter tous les formats de cassettes d’archives. Tout l’habillage graphique est créé grâce aux outils d’Orad et les plateaux sont enregistrés sur un serveur vidéo de la même marque. Le mixage son est assuré grâce à une console Yamaha CL-5 câblée en Dante. Une régie mobile installée en flight-cases complète cet ensemble avec des caméras Sony BRC700 associées à un mélan- geur Sony Anycast Touch.

UNE POSTPRODUCTION EN 4K

L’une des volontés des initiateurs du projet est de proposer sur place une chaîne complète de production en 4K, depuis la captation jusqu’à la diffusion en passant par toutes les étapes de la production. Dans ce but, quatre salles de postproduction et de création graphique ont été aménagées avec des postes de montage équipés avec la suite d’Adobe (Premiere, After Effects, Photoshop…), d’un poste d’étalonnage 4K, et d’outils de création graphique et d’animation avec Nuke et Maya.

Le son n’est pas oublié, avec un studio son indépendant équipé d’une console de mixage SSL AWS 924 et d’un système Protools. La régie son est aménagée avec une écoute multicanaux et un système de traitement Trinov. Pour faciliter les échanges audiovisuels entre toutes les entités du site, un maillage complet réalisé en fibres optiques monomodes et multimodes (douze FO de chaque type pour chaque lieu, y compris les plateaux) a été déployé depuis un centre nodal. Celui-ci accueille également un stockage central de type NAS qui sert à l’échange des fichiers et à l’archivage. Compte tenu de la diversité des projets accueillis et de leurs aspects expéri- mentaux, chaque lieu de production (régie vidéo, régie son, salles de montage, laboratoires de tests, espaces de projection…) conserve son propre système de gestion de contenus et le NAS a une vocation limitée au stockage, sans devenir un système unifié transversal de postproduction et de diffusion.

L’ensemble des équipements de production vidéo a été fourni et installé par BCE, tandis CSE Technology prenait en charge la partie audio, l’éclairage des plateaux et les équipements scénographiques. Les câbles réseaux et les fibres optiques ont été déployés par Bouygues Energie et Services. 

 

 


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