Les nouveaux outils audiovisuels des universités : les services de VOD (partie 4)

Les universités produisent chaque année des milliers d’heures de contenus vidéo, sous forme de tutoriels, de cours, de conférences enregistrées et de films, sans oublier les réalisations que les étudiants doivent effectuer dans le cadre de leur cursus. Pour faciliter la consultation en ligne de toute cette production, les universités déploient une multitude de plates-formes de diffusion en VOD, mais s’appuient sur des services externes comme Canal-U ou YouTube. Dernière partie de notre dossier consacré aux nouveaux outils audiovisuels des universités.*
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La dématérialisation des contenus vidéo a offert aux universités une formidable opportunité pour élargir la consultation de leur production audiovisuelle. Plutôt que de se tourner vers des services externes basés sur le cloud, elles ont privilégié leurs propres moyens pour mettre en place des plates-formes de VOD.

L’une des plus utilisées est la plate-forme POD, conçue et développée par l’université de Lille 1. Dorénavant, elle est maintenue et promue par le consortium Esup Portail. Nicolas Can, responsable de l’atelier de gestion vidéo dans cette université et coordinateur du projet POD à Esup Portail, définit ce service comme « une sorte de YouTube universitaire, mais où nous gardons la main sur la production des enseignants et des étudiants ».

Comme sur son modèle, il n’y a pas de contrôle a priori sur la mise en ligne. POD est interconnecté au serveur d’identification de l’université et tout enseignant ou étudiant inscrit peut y déposer des contenus. Ce principe d’ouverture pour le dépôt des contenus a suscité des inquiétudes chez certains responsables. Mais d’après Nicolas Can, « il y a très peu de dérives. Tous les étudiants s’engagent sur une charte de bonne conduite générale lors de leur inscription, y compris pour ces aspects de mise en ligne. »

 

 

La plate-forme POD succède à AVC

La plate-forme POD dispose d’outils de recherche facilitant l’accès à un contenu précis. Les auteurs sont fortement invités à indexer de manière précise leurs documents, y compris tous les participants. Ils ont la possibilité de les enrichir avec des sous-titres, des pages web, des documents texte ou PDF, des liens URL, dont l’accès est synchronisé à celui de la vidéo, et aussi de chapitrer son déroulement.

La plate-forme POD, dont la conception a démarré en 2014, remplace petit à petit le système AVC (Audio Video Cours ou Audio Video Cast) créé il a beaucoup plus longtemps par l’université de Strasbourg. Son développement a été arrêté en 2011 lorsque les moyens du service informatique ont été réorientés vers d’autres tâches plus prioritaires. Plusieurs universités sont en train de basculer leurs contenus vers d’autres plates-formes, dont POD.

 

Les outils POD sont disponibles sous forme de logiciels open source, mais ne sont pas directement exploitables comme des logiciels édités. Chaque établissement doit le configurer et le déployer en lien avec les autres systèmes informatiques exploités sur place. Cela demande des compétences et des moyens humains. Une vingtaine d’universités ont mis en place des plates-formes de diffusion POD et une dizaine d’autres sont en train de le tester ou de le mettre en production.

Les niveaux d’accès aux contenus sont paramétrables et les stratégies mises en place varient fortement d’une université à l’autre. Certaines les restreignent à un accès privé limité strictement aux enseignants et aux étudiants. D’autres, afin de valoriser leurs activités, ouvrent en partie leurs contenus au grand public. Enfin certaines s’appuient sur les Mooc pour diffuser les contenus pédagogiques et utilisent POD comme une webTV d’information culturelle sur leurs activités.

 

 

Des stratégies de diffusion fort nombreuses

En naviguant sur YouTube, on découvre qu’une multitude d’universités y ont mis en place des chaînes, tout en exploitant une plate-forme de VOD par ailleurs. Pour Nicolas Can, « ce n’est pas contradictoire. 90 % des universités ont une chaîne YouTube. Cela répond à des besoins en termes de communication vers le grand public. POD est d’abord une plate-forme institutionnelle. »

Benoît Roques de l’Université Paris 1 complète de son côté : « Nous devons choisir les modes et les supports de diffusion en adéquation avec la politique éditoriale. Une vidéo conçue pour un Mooc va dans un premier temps sur cette plate-forme dédiée. Si le document est pertinent pour le grand public, on le transfère ensuite vers Canal U, ou iTunes U, et enfin YouTube. »

 

Canal-U est la vidéothèque numérique de l’enseignement supérieur. Elle a été ouverte en 2000 et propose plus de 25 000 documents en ligne. iTunes U constitue un vecteur de diffusion encore largement consulté. Il faut également citer la vidéothèque du CNRS et les conférences universitaires diffusées sur le site de podcast de France Culture.

Cette dispersion des accès nuit sans aucun doute à la consultation de cette richesse. Il serait judicieux que les instances universitaires se penchent sur la création d’un métamoteur de recherche spécifique, indexant tous ces contenus.

 

* Extrait de notre dossier paru pour la première fois dans Sonovision #8, p. 14-21Abonnez-vous au magazine Sonovision (1 an • 4 numéros + 1 hors-série) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.

 

Les trois premières parties de ce dossier sont accessibles ici : Les nouveaux outils audiovisuels des universités (partie 1) – Les nouveaux outils audiovisuels des universités : de l’amphithéâtre au « Learning Lab » (partie 2)   et Les nouveaux outils audiovisuels des universités : enregistrer les cours (partie 3)