Éviter les pièges de la visioconférence avec des auditoires importants

La visioconférence est devenue, au fil des ans, un outil banal de communication utilisé pour organiser des réunions de travail à distance. Que ce soit en configuration salle ou meuble, cet équipement est avant tout adapté à des assistances de taille réduite, cinq à dix personnes. Lors de réunions, de congrès ou de présentations avec un auditoire beaucoup plus large, il est parfois demandé de faire intervenir un conférencier à distance ou de partager l’événement avec des publics distants et la visioconférence paraît être la solution de communication idéale. Mais adapter cet outil conçu pour un auditoire restreint à une configuration plus large n’est pas si simple. 
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Un système de visioconférence est organisé autour d’un codec, boîtier électronique qui effectue le traitement et la compression des images et des sons pour les adapter aux contraintes de la ligne de transmission, un réseau IP ou, dans le temps, une ligne RNIS…

C’est sur ce codec que se raccordent les écrans LCD, la ou les caméras, le micro-ordinateur de l’intervenant, ainsi que les microphones. L’ensemble est installé le plus souvent sur un meuble adapté sur mesure de manière à constituer un module autonome préconfiguré pour en faciliter la mise en œuvre par des non-spécialistes. Pour la mise en place d’une visioconférence dans une salle plénière, la première idée qui vient à l’esprit est de placer le meuble sur la scène et orienté vers l’audi- toire. La sortie écran principal qui affiche le site est distant et il est renvoyé vers le vidéo- projecteur de la salle pour que l’ensemble de l’assistance puisse profiter des images.

Cette disposition, qui semble facile à mettre en place, est à proscrire car elle casse complètement la communication. Les participants à la visioconférence doivent s’installer au premier rang de l’auditoire et l’assistance locale ne les voit plus. La prise de son devient aléatoire et si le régisseur utilise la sonorisation de la salle pour la prise de son et la diffusion sonore, il va au-devant de complications.

 

EXPLOITER LE CODEC DE MANIERE AUTONOME

Si la salle de conférences est équipée de son propre système de vidéoprojection et de diffusion sonore, il faut les associer au système de visioconférence en les raccordant directement au codec, à installer si possible en régie technique. Cette opération est un peu compliquée et doit être étudiée à l’avance, car les connectiques des codecs restent cantonnées au DVI ou au HDMI pour l’image et au mini-jack 3,5 mm pour le son. Souvent la caméra de visioconférence est câblée de manière spécifique pour assurer son pilotage en position. Il est préférable de la mettre de côté et d’utiliser un dispositif dédié de prises de vues, caméra sur pied avec cadreur ou bien caméra PTZ sur tourelle. Si l’importance de l’événement l’exige, la mise en place de plusieurs caméras avec un mélangeur vidéo constituera un avantage indéniable pour les spectateurs distants avec une mise en image plus agréable évitant les coups de zoom, les phases de mise au point ou un plan général trop large dont on se lasse vite. Le signal vidéo final sera disponible sur un connecteur SDI et devra être adapté pour l’entrée DVI ou HDMI. Peu de codecs disposent d’une entrée SDI. Si les conférenciers agrémentent leurs interven- tions avec des présentations en PowerPoint, celles-ci sont diffusées comme d’habitude vers le vidéoprojecteur de la salle.

Il sera nécessaire de prévoir une dérivation pour les renvoyer vers l’entrée micro-ordinateur du codec de visioconférence. Le codec devra être suffisamment puissant pour disposer de deux entrées vidéos externes, une pour la prise de vues et la seconde pour les images du micro-ordinateur. Les modèles d’entrée de gamme ne disposent souvent que d’une entrée externe sur port DVI, la caméra étant câblée par son port dédié propriétaire. 

 

DIFFUSER LES IMAGES PAR VIDÉOPROJECTION

Pour la diffusion des images du site distant, la solution la plus simple est de renvoyer vers le vidéoprojecteur de la salle la sortie écran du codec en choisissant l’affichage en mode mono écran. Si des images d’ordinateur venant de l’autre site sont à afficher, la fonction intégrée PIP permet d’alterner la source. Mais la solution la plus polyvalente consiste à utiliser un sélecteur/scaler pour sélectionner la source à diffuser dans la salle, soit le micro-ordinateur de l’intervenant sur place, soit la ou les caméras locales, ou enfin les sources d’images distantes en fonction du déroulement de la conférence ou de l’événement.

Pour éviter aux intervenants sur scène de se tordre le cou pour regarder les images du site distant sur l’écran de projection au-dessus d’eux, il est impératif de leur fournir un retour image sur des écrans LCD placés en bordure de scène. Cela complique le câblage de distribution des images en salle, mais cette solution de retour écran en bain de pieds est de plus en plus habituelle, même pour une simple conférence traditionnelle sans visioconférence.

 

MIXER LE SON EN MODE N-1

Le lieu de la conférence ou de l’événement avec sa large audience est évidemment équipé d’une sonorisation pour l’amplifica- tion des orateurs. Le raccordement du codec sur l’installation audio reste simple dans son principe : récupérer le signal audio du site distant et l’envoyer dans l’une des tranches de la console de mixage et inversement envoyer la sortie d’un sous-groupe vers le codec.

À part la connectique du codec très souvent en mini-jack (une vraie plaie) cela ne présente aucune difficulté particulière. Par contre c’est au niveau des réglages du mélangeur qu’il faut porter toute son attention. Plus haut, il est précisé de prendre la sortie d’un sous-groupe et surtout pas le mixage principal de la sonorisation de la salle. Sinon c’est l’effet larsen garanti à tous les coups ; soit un larsen local dans la salle elle-même, soit un larsen distant via un bouclage dans l’électronique du codec ou le volume du local distant. Les circuits d’annulation d’écho présents dans tous les codecs de visioconférence sont une aide précieuse mais n’arrivent pas à les éliminer systématiquement. Une méthode efficace consiste à travailler en mixage n-1 utilisé de manière classique pour les duplex radio ou TV. Cette fonction est intégrée aux mélangeurs broadcast et il suffit d’enclencher la fonction. Sur des mélangeurs plus classiques, il faut la créer soi-même en configurant un sous-groupe destiné à l’envoi du son vers le codec dans lequel le signal venant du site distant n’est pas repris. Ce signal est bien entendu envoyé dans le mixage du son pour l’auditoire. Ensuite, il faudra ajuster les niveaux pour éviter sa reprise par les micros des intervenants locaux. Cela exige une séance de réglages et surtout une répétition avec le site distant et un interlocuteur capable d’effectuer le réglage des niveaux. Trop souvent, des visioconférences organisées avec un large public finissent dans une cacophonie insupportable.

 

LE TALKSHOW DE NEWTEK

Newtek a lancé, il y a plus d’un an, un système de visioconférence basé sur le réseau Skype de Microsoft. Il se présente sous forme d’un boîtier 1U regroupant les outils de traitement et le codec adapté à Skype.

Le principal avantage de ce boîtier est qu’il est équipé d’une connectique de type professionnel, entrées/sorties vidéo HD-SDI sur BNC et connecteurs audio XLR. Il a d’abord été conçu pour intégrer des communications Skype dans un talk-show vidéo tourné en multicaméra. Mais il s’intègre parfaitement dans une salle de conférences déjà pourvue d’une prise de vues vidéo et d’une sonorisation complète. Les recommandations évoquées ci-dessus pour la mise en place d’une visioconférence avec un large auditoire restent valables… Mais sa connectique et les outils logiciels intégrés facilitent la gestion des appels vers des terminaux individuels (micro-ordinateur, tablettes, smartphones) que les utilisateurs maîtrisent déjà. Il est également possible d’établir une liaison entre deux Talkshow. Des produits similaires sont vendus par Riedel (STX-200) et Quicklink. Il semble que le hardware soit le même pour les trois produits, mais des différences existent au niveau des logiciels et de la connectique. Un second avantage de Skype réside dans son implantation très large au niveau mondial. Son évolution vers Skype Entreprise (ex Lync) lui ouvre les portes vers les systèmes de visioconférence professionnelle. Face à la qualité très variable des communications Skype, de nombreux utilisateurs sont sceptiques sur ce nouveau type d’outils, mais l’expérience montre que les performances de la ligne IP desservant les postes ont une incidence réelle sur la qualité de la communication. 


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