L’EDHEC choisit les réseaux SVSI et Dante pour la diffusion audiovisuelle sur ses campus

Après être passés de l’analogique au numérique, tous les constructeurs d’équipements audiovisuels proposent une nouvelle évolution majeure, le réseau IP. Sous l’impulsion de sa direction informatique, l’EDHEC, une école supérieure de commerce, a décidé de franchir le pas. Elle a mis en place une infrastructure IP pour relier les équipements audiovisuels de ses amphithéâtres et de ses salles de cours.
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Implantée à Lille, Nice, Paris, Londres et Singapour, l’EDHEC figure dans le classement des quinze meilleures écoles de commerce d’Europe. Résolument internationale et directement connectée au monde des affaires, elle est reconnue pour ses travaux de recherche et sa capacité à former des entrepreneurs et des managers capables de faire bouger les lignes. Véritable laboratoire d’idées, elle produit des solutions innovantes reconnues par les entreprises.

Comme tous les organismes de formation supérieure, l’EDHEC accueille les étudiants avec des modalités d’enseignement fort diverses : cours magistraux en amphithéâtres, travaux dirigés avec des groupes de tailles variables, séminaires, conduites de projets d’étude. Les outils de communication et de diffusion audiovisuelle sont largement déployés pour accompagner la pédagogie, selon des configurations adaptées à chaque mode d’enseignement.

Dans le cadre de ses fonctions de DSI de l’EDHEC, Patrice Loche supervise l’acquisition et l’exploitation des équipements audiovisuels des sites de l’école. Pour cela, il a fait des choix technologiques innovants en s’appuyant sur une architecture tout IP, conçue autour du système de distribution vidéo SVSI d’AMX (Harman) et du protocole audio Dante.

Lorsqu’il détaille les installations mises en place, Patrice Loche précise d’emblée : « Nous préférons penser le système de diffusion et de communication audiovisuelle en termes d’architecture plutôt que de solutions ou de systèmes. Cette architecture doit s’adapter à tous les types de locaux d’enseignement, amphithéâtres, salles de cours ou de travaux pratiques, sans oublier les espaces de réunion et d’accueil. D’autre part, les modes d’enseignement évoluent sans cesse en passant du modèle traditionnel du cours magistral jusqu’au learning lab ou autres configurations collaboratives. Il faut prendre en compte la pédagogie inversée dans laquelle l’étudiant prend autant la parole que le professeur. Mais cela varie au long du cursus de la formation, avec dans les premières années une forme plus traditionnelle et, au fur et à mesure de l’avancée dans les études, une part de plus en plus interactive. Les espaces d’enseignement ne sont pas spécifiques à un mode de formation et doivent s’adapter à toutes les méthodes pédagogiques. Il faut donc un campus le plus flexible possible et ne pas typer les lieux. »

 

 

Un réseau audiovisuel exploitant les protocoles SVSI et Dante

L’architecture mise en place doit répondre à plusieurs besoins. Le premier est d’offrir aux enseignants des outils de diffusion et de communication audiovisuelle tout en leur simplifiant l’usage. Certaines ressources comme les enregistreurs de cours ou la visioconférence sont coûteuses et ne peuvent pas être démultipliées dans chaque salle. Il faut donc les centraliser pour les partager entre plusieurs lieux d’enseignement.

Enfin, dernier besoin recensé par Patrice Loche : mettre en place des outils de matriçage entre les sources d’images et les écrans d’affichage pour aiguiller de manière simple et immédiate n’importe quelle source de contenu sans figer l’architecture. Les salles de cours sont modulables pour offrir des capacités d’accueil variables. Les amphithéâtres de leur côté sont séparables en petites unités ; ainsi un amphithéâtre de 100 places pourra être divisé en deux salles de 50.

Les bâtiments de l’EDHEC sont desservis par un large réseau informatique destiné au raccordement des ordinateurs des étudiants et du personnel, mais aussi à la gestion du bâtiment. Il n’est pas question de dédoubler cette infrastructure par un second câblage propriétaire dédié à l’audiovisuel, d’autant que les évolutions pédagogiques réclament une grande souplesse dans l’aménagement des locaux. Il est plus judicieux de choisir un câblage polyvalent qui sert à la fois aux besoins informatiques et à ceux de l’audiovisuel. Une prise terminale banalisée sera facilement réaffectée à l’un ou l’autre des réseaux selon les besoins.

Une réponse possible à cette exigence de souplesse aurait pu être le choix de technologies sans fil, mais Patrice Loche pense que « compte tenu de la surface à couvrir et du nombre de connexions sans fil utilisées en permanence par les étudiants, y compris dans les salles de cours, cela aurait été trop complexe. Un bâtiment sans câbles, ce n’est pas encore possible ! » Le choix s’est donc porté sur un câblage universel en cat. 6 et des modes de transport en protocole IP pour les signaux audiovisuels.

Lors des choix globaux de l’architecture audiovisuelle, Patrice Loche souhaitait prendre des solutions qui ne soient pas monolithiques. « Ainsi, il est plus facile de changer un composant sans tout remettre en cause ! » Pour la vidéo et le transport des images, il a examiné trois technologies de transport IP disponibles au moment des premières études.

Son choix s’est porté sur le système SVSI d’AMX (Harman) car « le SVSI apparaissait comme le système le plus mature, avec un support technique réel de la part du fabricant. Sur place, ici à Nice, nous avons bénéficié de l’assistance d’un prestataire, INS Vidéo Côte d’Azur, pour la fourniture, la configuration et le déploiement du système. »

Pour l’audio, il a privilégié le réseau Dante afin de réduire au minimum les câblages spécifiques avec des enceintes amplifiées équipées avec cette interface. Pour limiter le nombre de prises de courant et réduire les câblages en courants forts, il choisit systématiquement des équipements terminaux équipés d’interfaces POE, et donc alimentés directement par le switch réseau via le câble à paires torsadées. C’est donc un réseau unique réalisé en paires torsadées qui transporte en IP, à la fois la vidéo, l’audio, les commandes de pilotage et la supervision des matériels.

 

 

Des aménagements mobiles pour les salles de cours

Pour répondre à la demande de pédagogies différenciées, les aménagements des salles de cours sont modulaires et facilement modifiables. Les sièges et les tables sont munis de roulettes pour être disposés selon de multiples configurations. Trois des quatre murs de la salle de cours sont recouverts de panneaux de marque Vanerum, totalement lisses pour offrir une surface de projection, d’affichage et d’expression libre. Selon les types d’activité, les étudiants peuvent y fixer des documents grâce à des punaises magnétiques, écrire au feutre ou y projeter des images. Celles-ci sont diffusées par six vidéoprojecteurs fixés au plafond de manière à constituer de petits groupes de travail selon les principes des « learning labs » (lire le dossier consacré à l’équipement des Universités dans Sonovision n°8).

Les images projetées sont fournies au choix du professeur, depuis l’ordinateur installé à demeure dans la chaire, ou bien depuis son propre portable et enfin depuis une passerelle de transmission sans fil qui équipe la salle. Avec cette dernière, un étudiant peut envoyer sa présentation vers un ou plusieurs vidéoprojecteurs. Les systèmes ShareLink d’Extron actuellement installés seront bientôt remplacés par les outils Pano de Polycom.

Le transport des images entre tous ces équipements est assuré par un réseau filaire IP grâce au système SVSI d’AMX (Harman) évoqué plus haut. Parmi les modes de codage proposés par ce constructeur, les équipes de l’EDHEC ont choisi la série 2000 qui code les images en Jpeg2000, un compromis bien adapté entre la transmission sans compression, mais avec des débits trop élevés et la gamme H.264 qui offre un débit beaucoup plus faible, mais au prix d’une latence trop grande pour une diffusion interne à la salle.

Chaque source d’images est équipée d’un boîtier encodeur et chaque équipement d’affichage est associé à un boîtier décodeur, l’ensemble étant raccordé via des câbles réseau cat. 6 à un switch central qui fait office de matrice de commutation.

Les équipements nécessaires au professeur sont installés dans une mini-baie intégrée sous sa table. Pour aiguiller les signaux entre les sources et les vidéoprojecteurs, il dispose d’une tablette tactile AMX qui affiche sous forme graphique des synoptiques simplifiés. Celle-ci est raccordée à un automate AMX NX2200 qui pilote l’ensemble des matériels.

 

 

La prise de son grâce au système Microflex HF de Shure

Pour la prise de son des professeurs ou autres intervenants, un système de micros HF Microflex Wireless de Shure a été mis en place. Basée sur un mode de transmission DECT, la station de réception se raccorde en IP via le protocole Dante et a la capacité de recevoir simultanément jusqu’à huit microphones HF. Patrice Loche a préféré ce système aux micros HF traditionnels car il mutualise, via le réseau IP, six microphones avec une seule antenne couvrant trois salles de cours.

Le nombre de micros et leur affectation par salle sont adaptés quotidiennement en fonction des besoins exprimés par les professeurs. Les micros HF traditionnels sont trop rigides en termes d’exploitation car ils fonctionnent en mode point à point et restent affectés à une salle précise. Chaque micro est affecté à un canal Dante et traité par une matrice DMP 128 d’Extron. Les sorties sont renvoyées vers des enceintes amplifiées, elles aussi câblées en Dante.

Avant son cours, le professeur indique le nombre et le type de micros qu’il souhaite, à main ou serre-tête. Au début du cours, un appariteur vient lui apporter les micros et, via le panneau tactile de l’automate AMX, affecte le bon micro vers la bonne salle. En cas de changement de micro suite à une défaillance ou une batterie vide, un simple scan des fréquences DECT permet d’assigner le nouveau micro à l’antenne de réception.

L’une des salles de cours sert également de salle de réunion pour divers comités de direction ou assemblées des étudiants. Pour enregistrer les réunions, un panneau multicapteur Microflex Advance a été installé en plafond. Les équipes qui exploitent ce nouvel outil de prise de son en sont satisfaites.

L’éclairage des salles est assuré par des dalles à led graduables. Leur implantation et leur commande ont été adaptées pour ménager des zones moins lumineuses à proximité des murs de projection. Sur le site de Lille, huit amphis sont équipés d’une manière similaire avec une disposition différente des vidéoprojecteurs pour couvrir l’ensemble de l’auditoire.

 

 

Un réseau IP dédié pour l’instant

Tous ces équipements audiovisuels, desservis en IP sont raccordés à un switch réseau qui dessert trois salles de cours. Il est installé dans une baie à proximité qui regroupe les autres équipements partagés, enregistreurs de cours (Extron SMP351), les codecs de visioconférence Polycom, les passerelles multimédias sans fil… ainsi que les actifs nécessaires au réseau informatique général.

Les équipements audiovisuels sont desservis par un réseau spécifique indépendant du réseau informatique général. Patrice Loche explique que « ce réseau général a été déployé en 2010. Avec les performances de l’époque, il n’est pas capable de transporter les flux audiovisuels dans de bonnes conditions sans risquer une congestion des autres fonctions de communication du campus. Nous avons le projet de remplacer à terme ce réseau et, avec les capacités des équipements actuels, nous prévoyons de les regrouper dans une infrastructure unique. »

Le choix d’une desserte de trois salles de cours ou amphithéâtres à partir d’un switch unique est dû à la fois à des raisons géographiques d’implantation (longueurs des liaisons terminales limitées à 90 mètres) mais aussi en fonction des capacités du switch limitées à 52 ports. Pour chaque salle, au moins une douzaine de ports sont nécessaires : six pour les vidéoprojecteurs, deux pour les ordinateurs de la chaire et de l’invité, deux ou quatre pour les enceintes amplifiées, l’écran de retour pour le mur du fond des amphithéâtres et pour la borne réceptrice des micros HF. Soit au moins 3 x 12 = 36 ports, auxquels s’ajoutent les ressources partagées. Une liaison repart de ce switch vers le réseau général pour assurer la supervision des équipements.

Pour communiquer avec l’extérieur, chaque salle est équipée avec un codec de visioconférence et deux caméras de prises de vues. Pour l’instant, ces ressources techniques ne sont pas mises en partage au niveau des baies électroniques desservant les salles, car cela exige un important travail de développement au niveau des automates de gestion. Cette fonction sera intégrée dans une future version.

Pour l’affichage audiovisuel et la sonorisation, les switchs dédiés à ces fonctions restent indépendants les uns des autres, sans liaisons interswitch (ou back-bone) entre eux, sauf pour quelques tests ou expérimentations. Patrice Loche estime que dans le cadre pédagogique il n’y a pas de besoin d’interconnexion ou d’échanges d’affichage entre des salles séparées : « Il ne faut pas mélanger les besoins. S’il faut communiquer entre deux salles, nous privilégions des outils logiciels de type collaboratif ou des systèmes de classe virtuelle, mieux adaptés à ces besoins. »

Le déploiement de cette infrastructure audiovisuelle tout IP est réalisée progressivement selon un plan d’équipement pluriannuel. Actuellement sur le site de Lille, trente-cinq salles de cours (y compris les amphithéâtres) sont équipées de cette manière, tandis que sur Nice ce sont une quinzaine de salles qui ont été modernisées avec cette technologie et six salles à Paris. Cela correspond environ à 40 % de la totalité des espaces d’enseignement.

Les équipements audiovisuels mis en place à large échelle sur les trois campus de l’EDHEC, et surtout leur large usage par les enseignants et les étudiants démontrent que les technologies de transport sur IP sont devenues une réalité. Néanmoins, Patrice Loche attire l’attention sur l’important travail de configuration des switchs réseau qui exige des compétences spécifiques et une mise au point très détaillée pour correspondre exactement aux configurations de travail souhaitées. De nombreux tests sont nécessaires au niveau d’une salle expérimentale. Par contre, une fois la configuration finale définie, le déploiement vers les autres salles est très rapide.

Une autre modification majeure concerne le support technique de la part du personnel interne en charge de la maintenance de premier niveau. La recherche de la cause d’un dysfonctionnement est très différente par rapport aux architectures traditionnelles et demande une démarche beaucoup plus logique face à une multitude de réglages ou de fonctions qui ne sont plus directement accessibles au niveau d’un sélecteur ou d’un connecteur. Cela exige une adaptation des modes d’intervention et une formation accrue des personnels en charge de la gestion des réseaux.  

 

 

Article paru pour la première fois dans Sonovision #13, p.44/46. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.