L’incontournable marché de l’intercom – Partie 2

Dans tous les domaines, broadcast, événementiel, installation fixe, spectacle vivant, maîtriser l’intercom est devenu obligatoire pour mener à bien une émission, une conférence ou un spectacle. Les représentants français de trois constructeurs majeurs nous donnent leurs approches et les principales tendances... 
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( Suite du dossier : L’incontournable marché de l’intercom – Part 1 )

 

 

L’analogique perdure …

Sur le marché de l’intercom, les constructeurs s’adressent à des utilisateurs dont les profils et les activités sont extrêmement variés souligne Jean Philippe Blanchard, Directeur d’Audiopole importateur de Clear-Com : « Le marché est large. Des salles de spectacle aux chaines de télévision, en passant par les cars vidéo, il inclut également d’autres domaines auxquels on ne pense pas forcément comme par exemple le CNES de Toulouse où sont installés quatre matrices Clear-Com reliées en réseau tandis que plus de 250 panneaux sont présents dans les salles de contrôle des satellites. » En fonction des secteurs, des évolutions se dessinent, poursuit notre interlocuteur : « Dans le monde du spectacle qui est traditionnellement équipé en 2 fils (ou Partyline), on voit apparaitre de plus en plus de systèmes 4 fils pour les grosses installations fixes ou éphémères, les besoins en intercom étant de plus en plus gourmands et précis. D’autre part, la demande pour les systèmes 2 fils numériques type Helixnet qui apportent une meilleure qualité et un nombre de canaux plus importants est grandissante. » Alors est-ce à dire que l’analogique n’a plus d’intérêt ? : « En 2 fils, l’analogique reste toujours la solution la plus abordable pour l’instant, et en 4 fils, les utilisateurs sont encore attachés à l’analogique pour des raisons de fiabilité ou parce que le câblage existant est analogique » précise Jean Philippe Blanchard qui poursuit : « Par contre, dès qu’il s’agit de parcourir une distance importante via le réseau local, ou encore relier des sites distants via Internet ou Intranet par exemple, le numérique est incontournable. »

Mêmes conclusions pour Bettina Hulsmeyer : « En 2 fils, l’analogique va perdurer encore quelque temps tandis qu’en 4 fils, il faut prendre en compte l’existant avant d’opter pour un câblage analogique ou numérique. Par contre, dans une installation neuve, il est plus intéressant de penser le transport directement en IP ne serait-ce que pour des questions de coût de câblage. »

 

L’IP gagne du terrain

Comme dans de nombreux domaines, les technologies IP se banalisent constate Jean Philippe Blanchard : « Principalement en broadcast, mais aussi sur les autres secteurs, la liaison des panneaux en IP est devenue très fréquente, que ça soit à l’intérieur d’un bâtiment ou à des milliers de kilomètres. La qualité audio et la fiabilité de la liaison sont aujourd’hui excellentes et ce type de liaisons est de plus en plus utilisé. » En matière d’intercom sur IP, on retrouve logiquement des codecs issus du monde des télécoms comme le G711 bande étroite pour la qualité téléphone (300-3400Hz) ou le G722 (50-7000 Hz) dit « voix HD » pour la voix large bande également utilisé en téléphonie DECT et parfois même en téléphonie mobile. Plus récemment sont apparues les technologies à faible latence permettant le transport du son large bande avec pour les constructeurs le choix difficile à effectuer parmi les protocoles d’audio sur IP actuels. « Chez RTS, l’architecture réseau Omneo s’appuie actuellement sur Dante pour le transport audio, tandis que la couche de contrôle repose sur OCA (Open Control Architecture), un standard ouvert initié par Bosch qui restera compatible avec l’ensemble des standards audios sur IP » précise Bettina Hulsmeyer.

Fidèle à sa stratégie qui vise à miser sur les standards non propriétaires, Riedel s’appuie actuellement sur AVB et AES 67 : « L’AVB est devenu un standard IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) d’audio sous IP au cours de l’été 2013 et nous avons été le premier fabricant d’intercom à l’intégrer à nos solutions. Nous avons depuis élargi notre gamme avec le support du standard Layer 3 d’audio sous IP AES 67 » précise Franck Berger.

 

La virtualisation en question

Parmi les tendances lourdes, l’apparence du panneau d’intercom change et devient davantage high-tech avec notamment l’introduction des afficheurs à LEDs qui se généralisent parmi les constructeurs. En complément du panneau matériel, les fabricants se sont également lancés dans le développement de panneaux d’intercom virtuels d’abord sur ordinateur et plus récemment sur tablette et mobile. « C’est une tendance qui se dessine » confirme Jean Philippe Blanchard : « Agent IC, la toute dernière application Clear-Com qui permet d’avoir un vrai panneau d’ordre sur iPhone ou iPad a été lancée au dernier NAB et suscite l’intérêt des broadcasters français. »

De son côté, Bettina Hulsmeyer donne un point de vue plus réservé : « Chez RTS, la virtualisation est d’abord apparue il y a une quinzaine d’années sur les laptops et depuis environ trois ans sur smartphones avec l’application VLink. Ces panneaux virtuels sur smartphone offrent de nouvelles possibilités, mais il ne s’agit pas d’une révolution car leur adoption n’est pas si simple. On les retrouve finalement dans des situations assez particulières. Par exemple, lors de la mise en relation des intervenants se trouvant hors de portée des systèmes traditionnels ou encore pour des journalistes isolés sur le terrain… ».

Riedel propose également des panneaux d’in- tercom virtuels depuis déjà quelques années pour les environnements Windows et Mac OS, ou encore des « apps » pour équipements mobiles type iPhone, iPad ou Androïd. Franck Berger y voit une possibilité intéressante pour satisfaire une utilisation ponctuelle « Sur de l’événement, le panel virtuel représente sur certains postes une alternative intéressante au panel hard, mais ce n’est en aucun cas une solution viable sur les postes critiques. D’autre part, le panel virtuel est parfois jugé contraignant lorsqu’il faut effectuer des mises-à-jour et certains exploitants préfèrent du coup proposer des combinés téléphoniques en SIP, plus simple sur ce plan.»

 

Mutualisation annoncée

Comme dans d’autres domaines dont celui de l’installation fixe, numérisation et transport en réseau amènent logiquement la question de la mutualisation du transport, du traitement voire des équipements. Sur ce plan, Riedel a fait figure de pionnier en proposant, dès 2009, une solution capable de gérer non seulement l’intercom, mais aussi l’ensemble des flux nécessaires aux productions : « Dimensionné sur la base des contraintes de bande passante vidéo, le système MediorNet s’est rapidement distingué par sa capa- cité à fédérer toutes les composantes dont on a besoin sur un projet broadcast, événementiel ou d’intégration au sens large, à savoir le transport et la distribution temps réel des signaux tant vidéo, audio, data qu’intercom » lance Franck Berger.

« La mutualisation du transport, du routing et du processing de tous ces signaux au sein d’un seul et même réseau temps réel lui confèrent un positionnement unique sur le marché ! » Le besoin d’une gestion globale a également retenu l’attention de Philippe Blanchard qui en précise le cadre : « Pour les cars vidéo, il est important de proposer une solution fibre pour les panneaux distants. La demande de panneaux disposés sur le plateau de TV en plus de la régie devient très importante et il n’est pas rare de devoir fournir une douzaine de panneaux sur un plateau, d’où l’utilité d’une liaison fibre qui, en plus des ordres, permettra également de passer la vidéo, le son des micros et les retours plateau.

Clear-Com offre une réponse globale pour cette problématique. » Au delà de la mutualisation du transport, Riedel repense désormais l’équipement en annonçant un panneau de contrôle conçu pour gérer l’intercom, mais aussi la vidéo et les données : « Le concept de notre nouveau panneau Smart Panel est en fait né d’un constat très simple » analyse Franck Berger : « Dans toute régie audiovisuelle, on trouve aujourd’hui de multiples panneaux dédiés à une seule application : l’intercom, le monitoring audio, le monitoring vidéo, le contrôle. Nous avons sou- haité développer un panneau non plus dédié à l’intercom, mais ouvert à de multiples applications pouvant cohabiter sur un même équipement. Au delà de l’intercom, sa conception hardware à base d’écrans couleurs TFT tactiles multitouch intégrant ports réseaux, USB et HDMI lui permet d’accueillir des applications telles que le contrôle, le monitoring etc… »

Reste à imaginer et développer l’ensemble des applications permettant ce contrôle et à fixer le degré d’ouverture du système. Riedel permettra-t-il à d’éventuels développeurs tiers de proposer leurs applications ? Nous en saurons sans doute plus lors des prochains salons… 

 


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